Afrique: tel père, tel fils

Publié le par Vieuxvan

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Dimanche 19 février 2012

 

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Afrique - Tel père, tel fils

 

A l’époque du maréchal Mobutu Sese Seko, les rumeurs circulaient déjà à l’effet qu’il essaierait de demeurer au pouvoir pour la vie et qu’il comptait confier sa succession à l’un des ses fils. Hélas, pour lui, le sort en a décidé autrement. Il a été forcé à l’exil et les plus en vue parmi ses enfants nés de son premier mariage avec Maman Antoinette Gbegbani l’ont précédé dans sa tombe.

 

Après lui, la mort subite de Laurent-Désiré Kabila a pris tout le monde par surprise. Et là, bingo ! Son fils a été désigné pour lui succéder. C’est sûrement le scénario du Togo qu’on a voulu adapter à notre situation à nous :

Togo - Décès inopiné du président Eyadéma L'armée prend le

 

Cette décision tirée par les cheveux aurait dû surprendre les gens et même les pousser à protester puisqu’aucune disposition de la Constitution ne le stipulait. Rien n’a été tenté en ce sens. Chez nous, les gens profitent de l’émotion du moment.

Ailleurs dans le monde, il y aurait eu des tollés de protestations, des marches de contestation et autres.

 

En tout cas, les désignateurs de Joseph Kabila en tant que remplaçant de son père ont été vite en besogne.  Mais, ils n’étaient pas fous. Ils ont légalisé sa nomination pour qu’elle devienne constitutionnelle puisque les élections de 2006 ont permis de remettre les pendules a l’heure et ce, malgré les accrochages qu’il y a eu avec Jean-Pierre Bemba, lequel se présenta comme un vrai Congolais, faisant passer son opposant pour un étranger imposteur. Malgré tout, Joseph Kabila fut élu avec une majorité très confortable. Le scénario s’est répété cinq ans plus tard. Est-il besoin de signaler que la Constitution a été modifiée avant la dernière élection présidentielle ?

 

Personnellement, je ne vois aucun inconvénient à ce qu’un citoyen par adoption - je ne dis pas forcément qu‘il l’est - puisse diriger un pays. Et pour cause ! Je suis moi-même un Canadien naturalisé et je suis heureux de constater que la Constitution du pays me donne tous les droits dévolus à tous les Canadiens, peu importe leur pays d’origine.

 

Dans le cas de la RDC, je n’ai pas cessé de le dire. Nous devons nous doter d’une constitution solide pour des siècles à venir s’il le faut, comme c’est le cas avec les Américains, les Canadiens, les Français, les Australiens, les Britanniques et autres.

 

C’est une impérieuse nécessité surtout en Afrique où les gens ont la manie de vouloir garder le pouvoir par leurs fils interposés. On l’a vu avec Mouammar Kadhafi avant le Printemps arabe :

Présumé dauphin de Kadhafi, son fils Saïf "prend du galon"

 

En Afrique noire, ce phénomène est encore plus présent. L’exemple le plus frappant est celui de feu Omar Bongo qui s’est fait remplacer par son fils, comme nous avons pu le lire dans Jeune Afrique à l’époque :

Ali Ben Bongo, au nom du père... | Jeuneafrique.com - le premier site d'information et d'actualité sur l'Afrique

 

Le jeune président n’a pas mis du temps à gouter à la médecine des détracteurs de son défunt père qui ont désormais déversé leur fiel sur lui :

Gabon : Omar Bongo et son fils Ali Bongo détroussent l’état de ..

 

Il n’y a pas longtemps, Abdoulaye Wade du Sénégal a eu à partir avec l’opposition qui lui reprochait de préparer son fils à sa propre succession.

Abdoulaye Wade, Karim Wade, Président, Sénégalais, Fils

 

Le paternel a dû voler au secours de son fils pour calmer le jeu. C’était avant qu’il  décide finalement de se représenter lui-même pour un autre septennat, ce qui lui donne le temps de permettre à son fils de mieux affûter ses armes :

Abdoulaye Wade : « Mon fils a des compétences que personne ne ...

 

Il reste encore le président Denis Sassou Nguesso de la RPC. On ne connaît pas ses intentions à ce sujet, mais l’idée a peut-être déjà trottiné dans sa tête. Nous savons qu’il est très puissant et que ses enfants suivent les traces de leur père :

La fille du président

 

C’est quand même un phénomène bizarre en Afrique que ce jeu de passe-passe entre père et fils. En effet, nous avons connu bien des présidents américains, canadiens et autres occidentaux. La Constitution de leur pays ne le permettant pas, aucun d’entre eux n’a cherché à se faire remplacer par un de ses fils.

 

En tout cas, dans le cas de ma région d’origine, si quelqu’un avisait de se faire remplacer par l’un de ses fils, il se ferait rabrouer. Et pour cause ! Nous, natifs des Cataractes, sommes de régime matrilinéaire. Selon celui-ci, le pouvoir se transmet d’oncle à neveu. Moi-même, j’ai du faire ma grosse tête pour accorder priorité à mes enfants. Il y a de mes neveux qui me boudent encore, mais ils ont fini par me laisser faire.

 

Cela étant, j’en arrive à me poser la question en ce qui concerne Papa Simon Kimbangu par rapport à son fils Joseph Diangienda. Sur le plan traditionnel, c’est « inconstitutionnel »

 

Bien sûr, on peut toujours se révolter contre nos us et coutumes et se mettre à dos nos parents en général et nos sœurs en particulier. Mais, c’est à ses risques et périls, car la loi du plus fort est toujours la meilleure. Les leaders familiaux et claniques ne tolèrent pas l’insubordination. J’en sais personnellement quelque chose avec tout ce qu’ont vécu les enfants d’amis qui ont été déshérités de force. Ceux de Franco Luambo, par exemple, parait-il, en ont garde un gout de cendres !

 

Bon. C’était juste une parenthèse. Mais, si nous revenons à nos dirigeants, qui veulent se faire remplacer par leurs progénitures, ce n’est vraiment pas légal. Mais, qu’y pouvons-nous ? Encore une fois, la fable du loup et de l’agneau entre en ligne de compte. Cette fois, c’est l’oseille qui fait office de loi dans un contexte où la corruption et les pots de vin font désormais partie du quotidien.

 

L’Afrique est décidément un continent bien particulier où les chefs d’Etat se croient encore au temps des royaumes ancestraux alors qu’ils n’ont aucun pouvoir héréditaire.

Notre prochain rendez-vous est fixé demain. En attendant, portez-vous bien !

 

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                                 L’homme propose ; le Malin s’interpose ; Dieu dispose

 

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