L'école du scénario.

Publié le par Célestin S. Mansévani

L’école du scénario.
L’article ci-dessous sur le site de Radio Okapi m’a fait sursauter.
RADIO OKAPI

Des jeunes cinéastes congolais à l’école du scénario | 11 Novembre 2009

Le centre culturel français de Kinshasa accueille du 09 au 27 novembre 2009, un atelier d’écriture de fiction animé par Yves Remonet, scénariste professionnel, expert de l’organisme français d'audiovisuel, Cifap.

Un métier ne s’apprend pas à l’issue d’un stage de deux semaines. Tshitenge Nsana et moi n’étions pas les seuls artistes capables d’écrire un scénario de film. Télé-Zaïre comptait à notre époque une vingtaine de cadres formés soit à l’I.N.A. France, soit à l’I.N.A Kinshasa soit encore au Studio École de la Voix du Zaïre. D’ailleurs, il existe au sein de la R.T.N.C. une direction appelée Ciné-Production.

Je ne crois pas à l’efficacité des cours théoriques. Cela n’a pas été facile avec mes professeurs d’université mais je suis parvenu à les convaincre d’inclure des tournages de courts métrages à leurs programmes de technologie de l’enseignement qui dispensaient déjà la programmation télévisuelle et la visualisation pédagogique. De toute façon, eux-mêmes le savaient déjà: les métiers et surtout ceux du cinéma s’apprennent  par la pratique grâce au jeu des essais et erreurs. J’ai eu un collègue de promotion, un Sénégalais. Il venait de décrocher un diplôme après 7 années d’études universitaires à Bordeaux. Il a eu beaucoup de mal à diriger un tournage. Heureusement que des collègues ayant longtemps œuvré à la télé dont moi-même lui ont donné un coup de main. Nous sommes tous passés par-là. Télé-Zaïre a été une bonne école pour moi. Je connais des cinéastes tels que Clint Eastwood et Mel Gibson, Jackie Chan et Forest Whitaker qui sont devenus des réalisateurs à force d’avoir été  longtemps sur les plateaux de tournage et d’avoir lu et interprété de nombreux scénarios. Notre compatriote Gangura a étudié le cinéma et l’a lui-même enseigné. Voilà quelqu’un qui mérite d’être encouragé et supporté financièrement.

Qu’on donne plutôt à ceux-ci qui ont le potentiel les moyens financiers adéquats pour écrire des scénarios et réaliser des films ! Vous serez surpris des résultats.  Quant aux jeunes, qu’on les envoie dans les écoles officielles d’apprentissage (I.N.A., SEVOZA et autres)  et, au sortir, qu’on les incorpore dans des équipes de tournage (R.T.N.C. et autres compagnies de production) pour qu’ils acquièrent de l’expérience pratique. C’est ainsi qu’ils apprendront à écrire des scénarios, à faire partie d’une technique ou à réaliser des films.

Les écoles d’apprentissage du cinéma devraient inclure dans leurs programmes, outre le volet théorique, la production de courts métrages réalisés par les étudiants en formation. Feu Kwamy n’avait-il pas réalisé Moseka pendant ses études en Belgique? Moi-même, n’est-ce pas durant ma formation de niveau AV3 à l’I.N.A. en France (1982-1983) que  j’ai réalisé « Allô ! Louise » et écrit et réalisé « Une journée au paradis » et « Luvumbu Ndoki » ?

Je m’excuse de paraître dur mais la R.D.C. est un grand pays. Si quelque étranger se considère comme un spécialiste en scénarisation, il n’a qu’à poser sa candidature dans l’une des écoles  professionnelles officiellement reconnues du pays !

En R.D.C. les vrais cinéastes alliant théorie, techniques et expérience et qui sont capables d’écrire de bons scénarios ne manquent pas. Donnez-leur la chance ! Mettez-les à l’épreuve ! Pourquoi vouloir nous ramener 50 ans en arrière ?

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