Fétiches d'Haïti, fétiches d'Afrique-reprise

Publié le par Vieuxvan

                                                                                                                                                                              Fétiches d’Haïti, fétiches d’Afrique. (reprise)

 

"They said 'We will serve you if you will get us free from the prince (Napoléon III)” True story.

« Ils dirent “ Nous te servirons si tu nous débarrasses du prince. Nous le jurons !”

"And so the devil said, 'OK it's a deal'. And they kicked the French out."

“Et le diable répondit: D’accord! C’est un pacte” Et ils mirent la France dehors.

 

Hier, je vous ai parlé de la tragédie qui a endeuillé Haïti. Vous savez ? Je ne crois pas au hasard, et moins encore lorsque des dizaines  de milliers de personnes innocentes meurent  en même temps.  Hier, j’ai posé cette question à mon épouse : « Pourquoi ce séisme ne s’est-il pas produit en dehors de la ville, sur une montagne ou un coin non habité par exemple ? » Y-a-t’il jamais eu de la fumée sans feu ?

 

Avant hier, dans mon article intitulé « Le secret de la réussite », j’ai parlé de la trilogie « temps – destin - Dieu » et j’ai mis en garde contre ceux qui sont si pressés qu’ils veulent changer le destin que Dieu leur a assigné. Ils finissent par se mettre les pieds dans le plat. Apparemment, je n’avais pas tort. C’est ce qui ressort des affirmations du télévangéliste Pat Robertson relayées par le réseau ABC. Selon lui, l’hécatombe haïtienne est le résultat d’un pacte que l’île aurait signé avec le diable, il y a de cela deux siècles, pour se sortir du joug colonial. Lisons ces deux articles écrits de la main de deux journalistes chevronnés. Avant chaque article, je vous fais une brève description de chacun des deux  démons de la plume.

 

Patrick Lagacé

Patrick Lagacé aime le journalisme : « Cette profession permet de vivre des aventures et d'être payé pour le faire », dit-il.

 

« Séisme en Haïti : la faute du diable  - par Patrick Légacé

Selon le célèbre télévangéliste américain Pat Robertson, ami personnel de Jésus, le séisme haïtien s’explique par un vieux pacte avec le diable signé par les gens d’Haïti. »

Richard Hétu
Collaboration spéciale- Richard Hétu est le correspondant de La Presse à New York depuis 1994. Il est également l'auteur de trois livres, dont les romans La route de l'Ouest (vlb 2002) et Rendez-vous à l'Étoile (vlb 2006). Il vit à Manhattan avec sa famille.

« Aujourd'hui, il a mis les misères d'Haïti sur le compte du «pacte avec le Diable» que ce pays aurait noué il y a deux siècles. Je traduis un extrait de sa ... »

 

De nos jours, de plus en plus de personnes, ayant signé un pacte avec le diable, n’hésitent pas à l’avouer publiquement lorsqu’ils se convertissent. J’en ai lu des tas dans les journaux, visionné sur des DVD et cassettes vidéo et découvert sur Internet. Même l’Oncle Luandjo Pene Lokanga aurait fait, selon certains dires, des aveux en ce sens avant son décès.

09. Tem. Suzanne Pacte Satan_Tem. Suzanne Pacte Satan

J'ai signé 5 pactes avec le diable, je me suis même mariée (par intérêt) avec lui! 

 

La vie que nous menons sur Terre est très complexe. Il existe plusieurs catégories d’individus selon Simaro  Masiya Lutumba (Mbongo) entre autres des personnes sans problèmes qui vivent au jour le jour, au gré des circonstances. D’autres sont nées d’une famille riche sans l’avoir voulu. D’autres encore ont été destinées par Dieu à devenir riches ou célèbres, selon le cas. Il y en existe que le destin ne prédestine  pas à ces honneurs et qui, non obstant,  sont prêtes à tout pour balayer tout sur leur chemin. Les individus qui appartiennent à cette dernière catégorie constituent une véritable peste ou plutôt un cancer que rien n’arrête. Ils sont prêts à tuer. Le diable, qui a besoin d’âmes et qui a ses émissaires, maîtres magiciens et sorciers,  parmi nous,  affectionne s’acoquiner avec ce genre d’individus.

 

Lorsqu’un Africain prétend ne pas croire aux puissances des ténèbres, j’en conclus qu’il veut se moquer des gens. Je suis né dans une famille où il se passait des choses. Mon père a tout fait pour m’en épargner. Il me mettait souvent en garde contre la magie et le fétichisme. J’ai compris plus tard pourquoi grâce à tous ces témoignages entendus de proches les ayant côtoyés, lui et mes oncles,  ainsi que des révélations venant de convertis, de docteurs en anthropologie ou simplement de gens qui se vantaient de disposer de pouvoirs. Le constat que j’ai fait est que, en Afrique, il existe des gens qui détiennent des pouvoirs ancestraux et que toutes les familles ont chacune son protecteur. Celles qui n’en ont pas sont contraintes  d’acheter, moyennant des sacrifices humains, la protection d’un tiers chef de famille extérieur. J’essaie de m’imaginer combien de chefs de familles nous avons, dans notre continent, dans chaque village, dans chaque province, dans chaque pays ! En Afrique, il ne faut pas se le cacher, culture, tradition, pouvoir et sécurité familiale sont intimement liés.  Nous en avons entendu des chansons de nos musiciens consacrées à ce sujet : « Bolingo ya bougie » (Kwamy), « Maseke ya meme » et « Libanga na libumu » (Negro-Succès), « Catherine Ndoki » (Franco), « Ekeseni » (Rocherau)  Et que dire de « Fétiche d’Afrique » de Rochereau Tabu Ley, une œuvre dont l’auteur n’est  nul autre que feu le très vénéré président et écrivain – poète Léopold Sedar Senghor du Sénégal, qui fut aussi membre de l’Académie française et l’un des précurseurs de la Négritude, un concept issu d’Aimé Césaire ? Voyez donc comment sont habillés nos rois et chefs coutumiers  de l’Afrique équatoriale à celle du sud ! Pouvons-nous y changer quoi que ce soit ?

 

Nous avons souvent tendance à condamner nos vieillards ou ancêtres pour avoir fait partie de loges et associations occultes. Certains ont été contraints de le faire pour protéger leur descendance. Je vous ai déjà cité l’exemple d’un cousin dont le garçon sur lequel il avait misé toutes ses économies est décédé quelques jours à peine après son inscription à l’UNAZA. La cause du décès n’a jamais été identifiée. Le pauvre père en a été tellement affecté qu’il a perdu tout goût de vivre. Tant d’autres pères ont vu  la vie de leur fils  fauchée en milieu de travail par un collègue jaloux ou un supérieur qui avait peur pour son poste. Si vous étiez un père de famille possédant un pouvoir magique ou l’équivalent, laisseriez vous votre fils sans protection à la merci de quelque homme jaloux et malfaisant fût-il un voisin, son collègue ou un de ses supérieurs?

 

En tant que chrétien, je ne dénonce pas forcément et entièrement  le pouvoir ancestral. Ne dit-on pas, en effet,  que toute autorité vient de Dieu ? Ce que je condamne c’est  le mauvais usage que certains chefs de familles en font. Malheureusement,  prétendre mettre fin au règne du prince des ténèbres, est

une mission impossible. Jésus-Christ lui-même n’en a-t-il pas fait l’expérience

(Matth. 4) ?

 

Je reviens au cas d’Haïti.  Nous connaissons l’histoire des esclaves déportés d’Afrique. Survivre dans ces conditions inhumaines, en ce temps-là, requérait sûrement des solutions surhumaines, instinct de conservation oblige. Ils ont eu, à coup sûr, à faire certains choix difficiles.

Jugez-en vous- mêmes  de leur déclaration d’indépendance :

 Jurons à l'univers entier, à la postérité, à nous-mêmes, de renoncer à jamais à la France, et de mourir plutôt que de vivre sous sa domination. [De la proclamation de Dessalines]

 

Venant d’un continent où le vaudou et l’occultisme faisaient partie des mœurs, on peut les comprendre. Sans faire miennes les allégations de pacte satanique, et connaissant leurs motivations, je me demande s’ils n’ont pas été victimes d’un piège. Auraient-ils pu l’éviter ? Ne perdons pas de vue qu’Haïti fut le premier pays noir à s’être débarrassé des colons blancs, mais à quel prix ? Auprès de qui auraient-ils dû demander conseil avant de s’engager ? Sûrement pas à l’Église catholique qui, elle-même, on le sait, fut accusée de pratiquer la magie ! De là à  ce que les dirigeants du mouvement de libération du pays de l’époque se soient fait abuser, il n’y a qu’un pas à franchir.

 

Nous ne saurons sans doute jamais la vérité sur ce prétendu pacte.  Faute de faire un retour dans le passé et demander aux ancêtres de nous rendre des comptes,  je conseille, d’une part, aux non-croyants de faire comme si de rien n’était et d’apporter leur aide et soutien au peuple haïtien durement éprouvé et, d’autre part, aux chrétiens de continuer à prier pour la libération totale d’Haïti et aussi de l’Afrique car, ne dit-on pas que rien n’est impossible à Dieu ?

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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