In Memoriam...

Publié le par Célestin S. Mansévani

IN  MEMORIAM

L’autre nuit,  sur mon ordinateur, je regardais le témoignage de feu Mopero wa Maloba qui racontait le vécu de son groupe Shama-Shama qui, avide de succès, était allé consulter un féticheur du Bas-Congo, lequel lui avait demandé un sacrifice humain, particulièrement celui de l’un des quatre meneurs de l’orchestre.

Cela m’a amené à me poser des questions sur les rumeurs qui ont circulé à l’occasion de la disparition de tel proche, collègue ou vedette. À écouter les chansons «Ekeseni» de Tabu Ley et «Mbongo» de Simaro Lutumba, il semble que beaucoup de vedettes congolaises doivent leur succès aux mêmes pratiques et qu’elles n’hésitent pas à tuer ou jeter le mauvais sort sur autrui.  Avant mon départ du pays, le groupe Salongo n’avait perdu aucun de ses membres.  Après moi, ce fut l’hécatombe: Monoko, Bébé, Monzele, Inga, Djeke, Doudou (il n’était pas là à mon époque),  Kidiamfuka, et finalement le fondateur et patron du groupe lui-même, feu Sylvain Tshitenge Nsana, un ami. J’ai entendu pas mal de commérages à propos du groupe. Je n’y ai pas prêté attention.

Cependant à ce stade-ci, je  me dois faire une mise au point. Je n’ai jamais signé comme assistant réalisateur. Tshitenge et moi alternions la scénarisation, la mise en scène et la réalisation. C’est moi qui ai suggéré que certains de nos meilleurs acteurs campent souvent le même personnage. Ainsi, Monoko, c’était la commère; Nyoka, le patron plein aux as: Ebale, le prétentieux; Masumu, le contestataire; Kwedi, l’intègre; Bomengo, la naïve; Mabaku, le corrompu; Mopepe, la femme infidèle; Djeke, la mère-chef, Mabele, la fille à papa, etc. Voilà d’où est venu le succès de la troupe: cette impression de miroir de la société. En tant que bon Kinois, je connaissais mes concitoyens et je voulais que chacun retrouve dans chacun des  acteurs du groupe Salongo son propre visage ou celui de son voisin. Ne me demandez pas d’où m’est venue cette idée. Je suis un fan de Molière et Charlie Chaplin. J’adore la satire.

Cela dit, revenons aux révélations de  Mopero. Elles me font penser à Grand Kallé., Franco Luambo Makiadi, Dr Nico, Gérard Madiata, Siongo Bavon, Ntesa Dalienst, Ya Lengos, Shekedan,  Sangana, Madilu, Pépé Kallé, Dindo Yogo et autres, qui nous ont quittés prématurément. Vous souvenez-vous ? Dans «Mbongo», Lutumba chantait «Oh ! Délai ya nganga» En d’autres termes, ceux qui refusent de donner une âme, signent un pacte au terme duquel leur vie est abrégée ! Là, comme dans «Ekeseni», sommes-nous  victimes  de simples radio-trottoirs ? Masiya, un ami,  n’est quand même pas le premier venu ? C’est  un poète et un sage qui n’a pas sa langue dans sa poche mais qui sait peser ses mots! 

De fil en aiguille,  étant moi-même un ancien de Télé-Zaïre, je me pose aussi des questions sur ce qui aurait pu m’advenir à moi comme c’est arrivé à Mavungu Malanda Mamongo, Benoît Lukunku, Tiembe,  Mukendi Kasonga Madimba, Lukezo Luansi, Tshilambu Njilamule, Katuku wa Yamba, Mayeye, Landu wa Fukiau, Kwamy, Madenda et autres qui nous ont quittés, eux aussi à la fleur de l’âge. Or, si je me réfère à la Sainte Bible, je lis ceci en Genèse chapitre 6 verset 3 « Alors l'Éternel dit: Mon esprit ne restera pas à toujours dans l'homme, car l'homme n'est que chair, et ses jours seront de cent vingt ans»

En d’autres termes, notre espérance de vie devrait avoisiner les cent ans.

Ceux qui nous quittent jeunes ou avant d’avoir vieilli ne meurent donc pas par la volonté de Dieu ? Alors, faut-il ajouter foi à tous ces bobards ? Je ne le sais. Mais une chose est certaine : les forces occultes existent. Moi-même je fus président du football club N’Djili Sports en 66-67. J’ai été manager du catcheur Edingwe, par délégation, le vrai manager étant feu Jean-Marie Gomba alias Col Canto, un ami, secrétaire de M. Libetrau,  P.D.G de la Bralima. Je me trouvais encore à Kinshasa lors du tragique accident qui coûta la vie à quelques catcheurs sur la route de Bandundu, dont Botamba et «Papa Wemba» J’en ai appris et vu des choses ! Perreira, Awuluwala, ça vous dit quelque chose ? Toi qui prétends ne pas croire à ces choses-là, lis-tu la Bible ?

Esaïe 6.20 - Tu as pris tes fils et tes filles, que tu m'avais enfantés, et tu les leur as sacrifiés pour qu'ils leur servent d'aliment: n'était-ce pas assez de tes prostitutions?

Esaïe 16.21 -Tu as égorgé mes fils, et tu les as donnés, en les faisant passer par le feu en leur honneur.

Imaginez  si quelqu’un pouvait aller dans l’autre monde pour enregistrer les confidences de ceux qui sont morts ! Nous en apprendrions des choses ! Je suggère même à l’association  Banganga International de suivre l’exemple de la rubrique Je suis mort  qu’on trouve sur Internet.  Hélas ! Les morts ne parlent pas. Heureusement que, moi, je suis encore vivant pour vous révéler que «Muana Nsusu» était mon idée originale. C’est la chanson «Très fâchée» de Franco Luambo qui m’avait inspiré. Pendant mes vacances à la fin de 1982, j’en ai écrit le synopsis qui s’intitulait «Petit poussin» Je l’ai remis à ma sœur Bomengo avant de rentrer finir mes études à Paris. Personne ne s’est donné la peine de dire que la série était inspirée de mon synopsis même si c’est Tshitenge qui l’a développée.  J’ai posé plus tard la question à ma sœur Bomengo. Elle a admis le fait.  Ne me demandez pas pourquoi je n’ai plus donné de mes nouvelles.  En tout cas, je n’ai pas encore tiré ma révérence.  Et, lorsque,  un jour, vous verrez sur grand écran le film «Dies Irae» dont j’ai imaginé l’histoire et écrit le scénario, vous vous rendrez compte que la perspective de faire parler les morts m’a toujours trituré l’esprit. En voici d’ailleurs un extrait du résumé. ·  contests/contest #18 results.htm

Ayant reçu d’un ange envoyé par Dieu la mission de traquer les responsables des grands crimes contre l’humanité (Hitler, Mao, Roosevelt, etc. ) et leur coller la fameuse marque du diable, le 666, en vue du Jour du jugement,  Youtri, mon héroïne, qui a le don, le jour, de prendre plusieurs visages et formes et qui, la nuit, se retrouve dans l’au-delà,  recrute Che Guevara et, à deux, ils font circuler une pétition qui requiert 666 signatures. Les Prix Nobel consultés (Gandhi, Shakarov, Einstein, Mère Teresa) ainsi que les martyrs, dont Patrice Lumumba, sont divisés. Devant l’impasse, le pasteur Martin Luther King Jr. réfère les deux agents à Tupac Shakur qui. A son tour, les recommander à ses amis  artistes de tous bords. Enfin, ils récolteront toutes leurs signatures, mais à quel prix ? Parmi ces stars: Marilyn Monroe, Elvis Presley, Dalida, Lady Di, etc. certains  sont pratiquement dans la lune ! En français du Québec, cela s’appelle «complètement capotés»

Bon, je ne vous en dirai pas plus. Revenons plutôt  à notre nécrologie à nous. Quand je pense à tous ces assassins,  ingrats et hypocrites qui versent des larmes de crocodile lors des funérailles, je me remémore la chanson  «Mashani» de Pépé Ndombe. Si quelqu’un pouvait aller dans l’au-delà demander à l’âme du défunt, étendu sur son lit de mort,  de lui désigner son assassin et revenir ensuite tout  raconter à la foule assemblée autour de lui, quel effet cela ferait-il ? «Tango mosusu ndoki ye oyo !»

«Dies illa, dies Irae» (ce jour-là, jour de colère / châtiment) 

- Matthieu 10:26. « Ne les craignez donc pas ; car il n’y a rien de couvert qui ne sera révélé,

  ni rien de secret qui ne sera connu.»

- Romains 14:12. « Ainsi donc, chacun de nous rendra compte pour lui-même à Dieu»

Au «Jour J», celui du  Jugement Dernier, les morts ressusciteront et chacun de nous  rendra compte de ses actes devant Jésus-Christ, le fils du  Tout-Puissant !

Qu’on se le tienne pour dit !

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