Le zèle qui tue.

Publié le par Vieuxvan

Le zèle qui tue

Je n’ai jamais dansé en groupe quand je vivais encore en RDC. J’ai vu des

danseurs folkloriques tant de fois. J’en ai même passé plusieurs à la télévision : Les Petits chanteurs de Kenge, les Che-Chem Yetu, le Ballet Sambole-Lisano,

Bana Odéon, Le Tout Puissant Konono, etc…Et que dire de tous ces groupes qui sont venus défiler à la télévision lors du décès de Maman Mobutu en 1977 ? C’est moi qui ai coordonné ses obsèques nationales à le télévision. J’en ai vu défiler des groupes traditionnels ! J’ai même failli avoir des ennuis parce que le général Nzoigba m’a accusé d’avoir refusé un groupe traditionnel ngbandi de passer à la télévision pour pleurer leur « mère », ce qui était faux. Il y a eu aussi beaucoup de chorales. À cette époque, cependant, la musique chrétienne faisait encore des pas très timides. Et puis, en ce temps-là, j’étais catholique non pratiquant et je me foutais pas mal des chansons dédiées à Dieu.

À part ces groupes traditionnels et ces chorales, c’est au village que je regardais des danseurs s’exhiber au clair de lune, autour du feu, l’occasion d’un grand événement. Cela se passait pendant mes vacances durant la saison sèche. Je ne les regardais pas longtemps car ma grand-mère paternelle était toujours à côté de moi. Elle me suivais comme une ombre et nulle fille n’avait le droit de m’adresser la parole. D’ailleurs, on restait juste une heure ou deux  avant de rentrer chez-nous. Je n’aimais pas ça mais notre grand-maman était plutôt coriace. Quand elle était hors d’elle, il fallait se boucher les oreilles.

Quand je faisais le « ngembo », je regardais les grandes personnes danser chez Vis-à-Vis, Petit Bois, Cubana/Chez-là-bas, etc. Je savais donc danser rumba, boléro, calypso, merenge, cha-cha-cha, twist, etc. avant même d’avoir fini mes études secondaires à dix-neuf ans. Quand j’ai été libéré de mes parents, j’ai commencé à fréquenter les bars dancings comme tout le monde. Pour moi, on danse entre homme et femme. Les danses de groupe, je ne connaissais pas ça. J’ai été invité à plein de fêtes et j’en ai personnellement organisé. C’était le même refrain. En RDC, à mon époque, un homme ne dansait pas seul sur une piste ni avec d’autres hommes. C’était pareil pour une femme.

Durant mes séjours estudiantins à Paris, j’ai surpris des collègues gabonais, ivoiriens et nigériens qui, eux, ne se gênaient pas de danser homme avec homme. Je n’en revenais pas. Je vais peut-être vous paraître ridicule mais, avant d’avoir immigré au Canada, j’ignorais qu’il y eût des couples homosexuels.

Quand j’étudiais à l’Université Laval, j’ai été invité à des soirées universitaires africaines ainsi qu’à des fêtes de la Ville de Québec. Quelque fois aussi, nous sommes sortis en groupe avec mes amis québécois.  Ils étaient si gentils qu’ils me laissaient danser avec leurs épouses. Elles étaient douées. Ce sont des femmes qui s’en allaient passer leurs vacances en Martinique et Guadeloupe et elles avaient visité beaucoup de pays de la Mer des Caraïbes. Grâce à elles, j’ai appris la valse, le tango et le triple swing. À certaines soirées, je voyais des femmes s’ennuyer et prendre d’assaut la piste aussitôt qu’il y avait une danse de groupe, appelée aussi danse sociale.

Depuis que mon déménagement de Québec à Montréal, je suis sorti prendre un verre avec des congolais, haïtiens ou québécois, notamment des collègues de travail à Radio-Canada. Ma famille m’a rejoint en 1990. Tout allait bien. Le jour où notre fille unique, Trophée Mansevani, s’est mariée, il y a eu des invités de tous les continents et de diverses races : Africains, Canadiens, Français, Roumains, Chinois, Latino-Américains, Haïtiens,  etc. Nous avons dansé comme chez-nous à la belle époque, deux à deux, hommes et femmes. « Bina na ngai na respect ! » (Ntesa)

Depuis la chute de Mobutu, le nombre de Congolais a décuplé mais aussi celui des chrétiens évangélistes. J’ai été surpris de constater que bien des femmes préfèraient désormais se mettre en rond – au Québec ça s’appelle danse sociale- et elles se trémoussaient sur la piste comme s’il s’agissait de chansons mondaines, qualifiées des fois de profanes. Pourtant, je les voyais s’exécuter sur des chansons qui n’avaient de chrétien que le nom de Dieu, de Jésus et du St-Esprit. Tout le reste, à savoir le rythme et l’orchestration, c’était carrément mondain : Carlyto (Bokotuna), Matou Samuel( Ya Manuele), Mbuta Kamona (Yezu azali Nzambe) etc. Il y a les autres qui sont plus modérés dans leurs orchestrations et rythmes, c’est sûr ! Ceux et celles-là sont corrects. Je ne m’en prends pas aux musiciens mais à leurs fanatiques. Et pour cause ! D’abord, je rejette tout de go l’appellation « profane » Tout ce qui existe a été créé par Dieu pour l’homme (1 Corinthiens. 10: 31 ; Matthieu 11:18-19) C’est ainsi que, désormais, quand nous sommes invités à un mariage, ma femme et moi nous assurons d’avance que nous rendons à une fête normale. Nous en avons connu de normales. Avant le début des réjouissances, tous rendent gloire à Dieu en prière et en chanson et ensuite le bal est ouvert. Dieu n’a jamais été contre ça ?

Ensuite, je ne vois pas ce qu’il y a de mal à ce que je danse avec ma femme ou ma fille ou la femme d’un ami ? Quelqu’un m’a déjà reproché d’écouter des chansons souvenirs de chez-nous. Un autre m’a même proposé d’en finir avec mon métier. Pour ces gens-là, il s’agit d’abominations ! Soyons sérieux, chers amis ! Je m’en vais vous révéler une vérité de la Bible : Il y a eu trois sortes de commandements pour les Juifs. Le premier est un commandement d’homme ; c’est celui donné par Moïse avant qu’il reçoive les fameuses pierres. Le second est celui des commandements d’anges ; il s’agit des 10 commandements qui ont été remis à Moïse par l’intermédiaire d’un ange (Actes 7: 35-38)  Enfin, le commandement de Dieu est celui donné par Jésus lui-même (Matthieu 22: 36-40), fils de Dieu et donc Dieu (Matthieu 22: 41-44)

Chères sœurs et frères en Christ, cessons de mettre du poids sur les épaules d’autrui et arrêtons de nous torturer nous-mêmes par des interdictions bidon. Vous savez pourquoi il y a beaucoup de pédophiles parmi les prêtres ? Si vous êtes un homme jaloux ou une femme jalouse et que vous ne voulez pas que d’autres lui accordent une danse, trouvez-vous une autre raison. Matthieu 11: 18-19  « Car Jean est venu, ne mangeant ni ne buvant, et ils disent : Il a un démon. Le Fils de l’homme est venu, buvant et mangeant, et ils disent : C’est un mangeur et buveur, un ami des publicains et des hommes de mauvaise vie… »

Arrêtez de mentir au nom de la Bible !

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