Qui tue par l'épée...

Publié le par Célestin S. Mansévani

Le hockey est le sport par excellence des Québécois. C’est connu. Les jours de matchs de hockey au Centre Bell, les détenteurs de billets de saison prennent d’assaut les gradins du célèbre amphithéâtre. Combien coûte un billet pour aller assister à un match de hockey du Canadien ? Il y a trois sortes de billets : le blanc coûte environ 220 dollars, celui baptisé Club Desjardins 350 dollars et le rouge 460 dollars. Ce prix est fluctuant selon l’importance du math que dispute le Canadien et dépendamment de l’adversaire. À ce prix-là, les gagne-petit se voient exclus d’office.

Qu’à cela ne tienne ! Ils vont, les jeunes surtout,  se retrouver dans une brasserie pour suivre le match sur écran géant et ils se la coulent douce, criant à se faire péter les tympans quand leur équipe marque et s’arrachant les cheveux quand elle perd.

Impossible de décrire l’ambiance qui règne dans ces pubs. Les tenanciers font des affaires d’or. Combien sont-ils ceux qui suivent les joutes confortablement assis dans leur salon ? Des millions sans doute !

Les postes de télé spécialisés nous en donnent pour notre argent. Il y a les émissions d’avant match, la description du match en direct, la reprise écourtée, les magasines et bulletins, les tribunes téléphoniques et j’en passe. Les autres chaînes spécialisées et les télévisions généralistes ne demeurent pas en reste. À chaque bulletin de nouvelles, un journaliste sportif se pointe et y va de son commentaire.

Les postes de radio, les quotidiens et la cyberpresse  participent eux aussi à chacun de ces galas, y allant de commentaires, statistiques, analyses et autres rubriques. Le hockey au Québec est roi et il fait vivre des milliers de personnes.

Je n’ai jamais vu aucun peuple aimer autant son sport et surtout le connaître sur le bout des doigts. Ici, tous sexes, âges et professions confondus, les gens vous donnent leur avis en vrais connaisseurs. Il y en a évidemment qui vont parfois trop loin, ce qui provoque ces multiples chambardements de coachs et de joueurs.

S’il y a une chose, parmi tant d’autres, que je reproche à certains chroniqueurs et critiques, c’est leur chauvinisme. Certains estiment qu’il n’y a pas assez de francophones parmi les joueurs ; d’autres accusent les joueurs anglophones de mépriser les joueurs francophones ; d’autres encore insinuent que les Québécois sont victimes de toutes sortes de discriminations au sein de la LNH. C’est le cas de Bob Sirois.

Depuis que je regarde ce sport, il ne m’était jamais venu à l’esprit que les Québécois étaient les moutons noirs de la Ligue. Les entraîneurs québécois tels que Jacques Lemaire, Pat Burns, Jacques Demers, Claude Julien, Michel Therrien, Michel Bergeron, Alain Vigneaut, etc, ont laissé leur marque et certains d’entre eux sont encore très actifs ! Les gardiens de but originaires du Québec, Martin Brodeur, Marc-André Fleury, Patrick Roy,  Roberto Luongo, Jocelyn Thibault, Pascal Leclaire, Jean-Sébastien Giguère,  José Théodore, Marc Denis, Dan Cloutier, Mathieu Garon, Patrick Lalime, Martin Biron, se sont surpassés ou offrent encore d’excellentes performances. Vincent Lecavalier, Martin St-Louis, Daniel Brière, François Beauchemin, Pascal Dupuis, Chris Letang, Mike Ribeiro, Stéphane Robidas, Patrice Bergeron, Marc Savard ne sont-ils pas parmi les meilleurs de la Ligue ? Maurice Richard et Mario Lemieux ne sont-ils pas des légendes du hockey ? Alors, où est cette fameuse discrimination ?

Bob Sirois nous parle des noms français qui sont mal vus par les anglophones. Et que dire des Canadiens dont les noms ont des résonances arabes qui se voient fermer les portes du marché de l’emploi ? Que dire de l’intolérance et de la discrimination criarde dont sont victimes des dizaines de milliers d’immigrants qui vivent au Québec ?

Je n’ai pas envie de mettre de l’huile sur le feu. Les accommodements  raisonnables ont déjà assez fait couler d’encre, de salive et de débats. J’invite simplement l’auteur du livre « Le Québec mis en échec » à ne pas politiser notre beau sport. S’il existe des discriminateurs, ce sont ces fanatiques qui réclament à cors et à cris plus de présence de joueurs québécois au sein de la Sainte Flanelle. Que pensent ces joueurs européens et américains qui entendent ce bla-bla ? Pensez-vous qu’ils vont se défoncer, prêts à encaisser coups et blessures, en écoutant de tels propos on ne peut plus discriminatoires ? Même s’ils ne comprennent toujours pas le français, ne les prenez quand même pas pour des  sourdingues ?

Un peu de sérieux, mon cher monsieur Sirois !

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